Un cave ?
Allez à la lettre C, vous aurez une définition.
De A à Z, devenez moins cave, un peu plus affranchi. Mais ne vous faites pas trop de cinéma !

Note de l’auteur : j’inscris régulièrement de nouvelles entrées dans l’ABCDaire. Si vous avez des mots, expressions, suggestions de films ou autres, n’hésitez pas à me les communiquer.

A

Affaler (s’) : balancer des informations aux policiers ou aux adversaires, des fausses ou des vraies. « Elle s’est affalée comme il faut, elle a envoyé tordu tout le long ! »

AFFRANCHIS (Les) (long-métrage, USA, 1990) : réalisé par Martin Scorsese. Voix off : « C’est là que j’ai découvert le monde, et que j’ai fait connaissance avec Jimmy Conway… »

Aller aux asperges : aller chercher le client, prostitution. « J’ai trouvé deux gonzesses qui veulent aller aux asperges ! Me voilà obligé de faire le mac ! »

Aller au matelas : expression très populaire chez les « cousins » italo-américains – Go to the Mattresses. Peu utilisée en France, mais je compte sur votre bouche-à-oreille pour la rendre populaire dans notre cher pays où une guerre peut en cacher une autre. Aller au matelas, c’est se replier vers un endroit secret pour réfléchir sur la stratégie à suivre pour ne plus perdre la face. Lorsque vous irez sur votre matelas, pensez-y : il arrive que tout le monde ne dorme pas !

Allonger (s’) : Avouer, donner des informations. Autre expression similaire : se mettre à table. Un truand peut s’allonger devant un flic, un magistrat mais aussi devant un autre truand. Ou une femme.

American Gangster (film de Ridley Scott, 2017) : Inspiré de la vie du gangster Frank Lucas, interprété par Denzel Washington, le film raconte aussi une histoire de ségrégation raciale, dans les rues de Harlem, sous fond de guerre du Vietnam. Et revient sur la fabrication de l’héroïne en Indochine, thanks les Frenchies. L’une des répliques les plus célèbres du film ? « Le plus important dans le commerce c’est l’honnêteté, l’intégrité, le dur labeur, et la famille. Ne jamais oublier d’où l’on vient. » Sans oublier : « Soit tu es quelqu’un, soit tu es personne. Une minute, je reviens… »

Angels with Dirty Faces – Les anges aux figures sales (long-métrage USA, 1938) : réalisé par Michael Curtiz. Avec James Cagney, acteur ayant fréquenté le gratin des Familles de Chicago et New-York. Un classique pour nombre de truands corso-marseillais et parisiens de l’Après-guerre.

Apache : petit voyou, grand voleur, plus ennemi qu’ami des truands du début du XXème siècle. Les plus célèbres ? Manda et Leca. Le 2 février 1902, Leca, amant de la légendaire Amélie Elie dite Casque d’Or et chef de la bande de la Courtille, est capturé. La légende, toujours elle, prétend que Leca et Manda se sont écharpés pour conquérir le coeur de Casque d’Or. Arrêtés, les deux chefs de bande finissent leurs jours à Cayenne. Le tatouage est la marque des Apaches parisiens : trèfles sur la main, étoiles, grains de beauté dessiné sous l’œil. Sans oublier, les « mort aux vaches », qui font bondir les roussins (policiers), ou « né sous une mauvaise étoile ». Le préfet Lépine instaure la brigade canine pour lutter contre les Apaches. Il avait du chien, le Lépine !

Argot : le mot argot désigne non pas une langue ou une manière de parler, mais le milieu des mendiants et des voleurs. Il faut attendre la fin du XVIIe siècle pour que le terme argot commence à s’appliquer au langage secret des malfaiteurs, à leur jargon : le jargon de l’argot – ou jargon du Milieu – est devenu l’argot tout court. L’argot est donc le nom donné, à partir du XVIIIe siècle, au langage crypté des malfaiteurs et de la pègre (mot d’argot), langage dont l’existence est attestée dès le Moyen-Âge, comme en témoignent les ballades en argot ancien écrites par François Villon au milieu du XVe siècle. Toutefois, la langue argotique, surtout caractérisée par un vocabulaire particulier, ne connaîtra une certaine diffusion dans le public qu’à partir du XIXe siècle, grâce notamment aux Mémoires de Vidocq, ex-bagnard devenu chef de la Sûreté, et à certains romans de Balzac, de Victor Hugo, d’Eugène Sue… Source : Curiosités étymologiques.

Armes (trafic) : petite devinette… Qui sont les principaux pays marchands d’armes sur la planète ? Les cinq pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Dont la France. Voilà ça sera tout pour aujourd’hui. N’est pas Lord of War qui veut.

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Arracher (s’) : partir, quitter les lieux le plus vite possible. Deux truands sur un braquo. Les flics déboulent. « On s’arrache! Y’a les condés ! »

Avoir des grillons plein la tête : n’avoir rien dans le cerveau. Un truand dirait par exemple d’un autre : « Il a des grillons plein la tête, ça chante du matin au soir, là-dedans ! »

B

Baltringue : individu qui veut paraître à défaut d’être. « Regarde-le ce baltringue, il se prend pour un corbeau depuis qu’il fréquente les chapeaux pointus ! »

Baraque : machine à sous clandestine, le plus souvent installée dans des bars. Une véritable industrie, notamment en France, dont les acteurs principaux sont les placiers, les gérants de bars, les collecteurs et banquiers. Une chaîne de la baraque qui tourne à plein régime depuis bientôt un demi-siècle.

Batteuse : Machine à écrire ou « bécane ».

Baveux : nom utilisé pour désigner un avocat, surtout un pénaliste.

Blanchir : rendre la vie à celui qui est condamné à mourir. A la condition, souvent, que le miraculé aille faire ses affaires ailleurs, à l’étranger, méthode qui permet au blanchisseur d’ajouter une nouvelle corde à son arc, un individu redevable à son clan : renseignements, affaires…

Blanchir (de l’argent) : rendre propre de l’argent sale, faire disparaitre la source, le délit et/ou le crime, avant qu’elle ne devienne fontaine d’argent. Ou la mare aux canards. Il y a mille façons d’y parvenir mais je vais vous donner un tuyau, facile, pour blanchir votre oseille : les cartes prépayées. Je vois certains sourire, penser, « c’est du passé, gadjo, maintenant c’est… » Maintenant, je sais aussi mais faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ! Comme le dit si joliment Marlène Jobert, dans le film susnommé : « Vous autres, j’sais pas c’que vous aimez, les oeufs aux plats, la théière de jardin ou le rythm’ and blues, moi c’est les sous ! » Dépenser le fric, il n’y a que ça de vrai, n’est-ce pas ?

Bérets rouges : unité de lutte antiterroriste du régime communiste bulgare. Cible ? Le mouvement de protestation musulman. Avant l’effondrement du Mur de Berlin, évidemment. Après ? Hé bien, c’est un peu comme en Russie, les mercenaires ont pris quelques rênes du pouvoir néo-libéral, notamment les commandes du secteur de l’assurance et de la sécurité. On rackette, on assure, ça rassure. On fait chanter, bien entendu, sexe, drogue et vidéo. Tout en s’enfonçant dans la marge, l’illégal, l’illicite. Là où on retrouve le Milieu français, et quelquefois une idéologie très, très à droite, ce que certains truands appellent « l’Internationale fasciste ». Depuis bientôt un siècle, depuis que l’on se dit qu’il vaut mieux taper dans les caisses de l’État que de se brûler les yeux à voler les mains armées.

Bicraver : dealer, vendre de la drogue. Attention, là, c’est sérieux, économie industrielle, relation client, paix, sécurité. Je le redirais jamais assez, ordre et prospérité sont les mamelles du biz. Si vous désirez savoir « Comment vendeurs ou leurdis et clients ou yenclis se rencontren chaque jour en un même lieu sans se connaître au préalable tout en limitant la suspicion du voisinage et de la police », alors lisez cet article d’un chercheur qui a trouvé des éléments de réponse.

Bois (trafic de) : les forêts sont depuis longtemps dans la ligne de mire, et l’abattage illégal fait florès partout dans le monde. Et bien sûr, le cave se dit : »mais non, pas en France… si ? » Et pourquoi pas ? Bon, je vous l’accorde, les mafias russes, chinoises ou brésiliennes remportent le pompon, la priorité étant d’abattre les forêts primaires, et d’en profiter pour s’adonner au commerce illicites connexes (flore, faune). Le problème, c’est que l’on ne sait plus qui est le mafieux de service… Le flic censé surveiller les routes de Sibérie ou d’Amazonie ? Le douanier, assis derrière le flic ? L’élu, debout derrière le flic et le douanier ? Bref, vous avez compris, il ne vous reste plus qu’à vous raccrochez à la première branche. Une règle à retenir : au marché noir, qui dépasserait le milliard d’euros, l’arbre cache la forêt. Requiem boréal, la tronçonneuse en guise de violon.

Bonnie and Clyde (long métrage, USA, 1967) : Artur Penn à la manœuvre. Bonnie Parker et Clyde Barrow s’aiment envers et contre tout et, même, contre la loi. Menant une vie de gangsters, ils parcourent les routes américaines en multipliant les braquages… n’hésitant pas à tuer quiconque tenterait de stopper leur course folle. Accompagnés de complices aussi déterminés qu’eux, les amants maudits vivent leur histoire d’amour à pleine vitesse, mais surtout à leurs risques et périls. Elle est pas belle la vie de gangsters, avec ou sans gilets jaunes ?

Bourgeois : policier en tenue civile.

Bras cassé : Selon Jean Chauma, un braqueur reconverti au roman noir : « Bras cassé (titre du roman) est une expression argotique désignant un looser qui ne renonce pas à essayer de gagner, de réussir, d’être un winner, un bon, etc. Le voyou ne pense pas à s’en sortir, il aime être où il est, et comme il est, il voudrait juste être un tout bon. » Chauma dit dans un entretien : « Je préfère avoir été voyou qu’un politique. » ou encore : « En me construisant par le langage, je me suis progressivement ouvert à la complexité. »

Brelicater : porter un calibre.

C

Caïd (long métrage, France, 2017) : film autoproduit et réalisé par Ange Basterga et Nicolas Lopez. Entre fiction et réalité, un journaliste pourrait (en) perdre son latin dans les quartiers nord… Bientôt sur une plateforme internartionale sous un format inédit ?

Calibre : pistolet. Le calibre désigne une arme de poing. « Gus, t’es bien calibré ? »

Canards (les) : bande de truands essentiellement Marseillais d’origine napolitaine. D’un côté, « ceux de Paris », Marseillais montés à la capitale pour s’occuper notamment des « promeneuses d’amour » et braqués quelques liasses et lingots d’or, de l’autre « ceux de Marseille ». Leurs surnoms ? Le Manchot, Coco, Riquet, Loule… Les Canards sont aussi appelés les Narcas, les Napos ou les Nabos (le p se transformant en b avé l’accent marseillais). L’essor des Canards, du nom du bar parisien des Trois Canards, démarre plein pot au milieu des années 1950 lors de la guerre ayant suivi l’attaque du cargo néerlandais, le Combinatie. Je me demande encore pourquoi cette équipe n’a pas l’objet d’un livre, d’un film, d’une série tv. Comme dirait un truand, « il n’y a qu’à se baisser. »

Casse de Nice : l’un des plus célèbres braquages français, réalisé par une équipe constituée d’une quarantaine d’hommes, le 19 juillet 1976. Butin : environ 30 millions d’euros (de 2018). Casse attribué par les caves, et vous en avez été pour votre argent en allant voir le film de Jean-Paul Rouve, « Sans arme, ni haine, ni violence » (2008). Quand je vous dis qu’on vous fait les poches, et que vous n’y voyez que du feu. Bref, Si Spaggiari est à l’origine du Casse, en découvrant la possibilité d’utiliser les égouts pour entrer sous la banque, il n’a jamais écrit le célèbre slogan « Sans arme, ni haine, ni violence » puisqu’il n’avait tout simplement pas le droit de creuser le tunnel, 8 mètres de long, 1,3 mètre de haut, pas même de fracturer les 371 coffres lors du week-end du 18 juillet. Je vous passe les détails sur les quatre mois de préparation, digne d’une comédie à l’italienne, et vous donne juste une info : après le casse, les malfaiteurs se sont partagés le butin en 60 parts, soit l’équivalent de 500.000 euros (de 2018). certains en ont reçu une seule, c’est le cas de Nyta (Zampa), juste « pour qu’il en soit et qu’il nous en prenne pas deux, après » (dixit un affranchi), d’autres deux parts max. Spaggiari, lui, on lui a refilé quelques cailloux, et juste de quoi se pavaner, mais pas trop, car un cave reste un cave, le fric lui brûle les doigts, et sa langue pend de trop. Pour preuve, il sera balancé en 1978 comme étant le « cerveau », (on lui a ouvert la fenêtre du bureau du juge), ce qui arrangera les vrais cerveaux qui, eux, courent toujours. On en a fait tout un film, mais comme toujours non pas pour servir l’histoire, mais des acteurs qui eux ont bien compris que le monde se divise en deux. Et que toi, tu creuses et marnes pour les engraisser. Pour finir, c’est une partie du butin, infime, qui a servi de banque pou constituer ce que l’on appellera en 1981, la French Sicilian Connection. Pour en savoir plus, il faut lire mes « Beaux Voyous » (Fayard, 2008), document qui pour la première fois remettait Spaggiari à sa place, très, très loin de la plage des Catalans. Et donner à voir le véritable mode opératoire des truands et membres du Service d’Action Civique ayant commandité et organisé l’assassinat du juge Pierre Michel. Dans ses mémoires publiées en 2015, « Truand, mes 50 ans dans le milieu corso-marseillais  » (Robert Laffont), Milou a remis quelques pendules à l’heure. Et c’est d’actualité : soupçonné d’avoir commis un livre dans lequel il rend à César ce qui n’est pas à Bert (surnom de Spaggiari), Jacques Cassandri comparait début février 2018 pour blanchiment et recel du « casse du siècle » au tribunal de Marseille.

Cavale : fuite. De deux types : la cavale de flic, le flic poursuit un truand ; la cavale de voyou, un voyou poursuit un voyou. Dans les deux cas, il s’agit de régler des comptes. Mais quand un flic poursuit un truand pour le compte d’un voyou ou d’une équipe, ça se corse. Et croyez-moi, la réalité dépasse souvent la fiction, surtout celle que l’on voit à la télévision française.

Cave : personne non affranchie aux règles du Milieu, à la dite Mentalité. Vous, jusqu’à preuve du contraire.

Cave se rebiffe (le) (long-métrage, France, 1961) : film réalisé par Gilles Grangier.
L’argument ? Le cave Robert Mideau est un graveur de talent. Eric Masson, l’amant de sa femme, veut se servir de lui pour contrefaire les billets de banque hollandais. Il prend contact avec Charles Lepicard, un ancien tenancier de maison close, et Lucas Malvoisin, un homme d’affaires véreux. Ensemble, ils se rendent chez Ferdinand Maréchal (Gabin), dit Le Dabe, un vieux spécialiste du trafic de fausse monnaie. Maréchal accepte de revenir à Paris et de prendre l’affaire en main… Ses complices vont-ils monter un turbin ?

Charcler ou chacler : tuer volontairement un individu, le plus souvent par balle. On parle aussi d’une cha(r)clade lorsque le coup est bien monté, sans témoin, ni traces.

Clan des Siciliens (Le) (long métrage, France, 1969) : film de Henri Verneuil. Le truand Roger Sartet (Alain Delon) s’évade avec la complicité d’une famille mafieuse, les Manalese, dirigée par le patriarche Vittorio (Jean Gabin). Malgré une traque rondement menée par le commissaire Le Goff (Lino Ventura), Sartet lui échappe. A l’aide de ses complices, le truand propose un projet démentiel : voler une collection de bijoux qui doit être transférée de Rome vers New-York par avion…
Les trois stars du cinéma français réunis pour la première fois sur le grand écran. La scène du déjeuner (extrait ci-dessous), une mise en bouche du film Le Parrain diffusé 3 ans plus tard aux USA ?

Clandé : bordel clandestin, mais pas que. Désigne aussi un cercle de jeu clandestin ou toute réunion où la loi du silence prime sur tout le reste.

Cheval de bois : utilisé dans l’expression suivante : « Tu dis ça à un cheval de bois, il te donne un coup de pied ! ». Autrement dit, « me raconte pas d’histoires, et ne continue pas car tu vas finir par me manquer de respect. »

Cheval de retour : expression utilisée par les condés, les bleus, pour désigner un truand d’un certain âge qu’ils retrouvent soudain dans les jumelles. Jamais utilisé dans le Milieu et pour cause : il n’y a qu’un aller simple pour le hors-la-loi, jamais de retour.

Chouffer : observer, épier, s’informer et rendre compte.

Coronavirus : virus qui a révèle tout ce que l’homme prédateur est capable, à commencer par se mettre une balle dans le pied. Une hypothèse tient la corde : c’est l’exploitation éhontée des espèces protégées et/ou la consommation d’espèces sauvages sur le marché de Wuhan (Chine) qui serait à l’origine de la pandémie. Vous voulez savoir si la #Covid19 a un impact sur le business as usual ? Un cave, mézigue, a un peu marné pour que vous mourriez moins con, rendez-vous sur ma page spéciale !

Cosa Nostra : l’une des plus puissantes mafias de la planète. Pour en savoir plus, tapez « Cosa Nostra » dans un moteur de recherches, rayon Actualités. Pour résumé, la Mafia cherche à compromettre le pouvoir politique, quand ce n’est pas l’inverse. A ce petit jeu, on ne sait plus qui offre le plus de services, ni même quels sont les objectifs des uns et des autres. Communs, il va de soi. Comme le dit Enzo Robutti dans Le Parrain 3 : « La finance est une arme. La politique, c’est de savoir quand appuyer sur la détente. »

Comptée : recette, paiement, argent que la gagneuse remet à son souteneur. Aller toucher sa comptée, c’est un peu comme entrer dans une église : remettre les pendules à l’heure.

Condé : flic, policier.

Corbeau : truand expérimenté, souvent au casier judiciaire aussi léger qu’une plume de greffier, qui a réussi à faire sa place dans l’univers très fermé du politico-mafieux, là où les places sont très chères pour taper les caisses de l’État, vos poches, bande de caves ! Le corbeau porte beau, tourne le dos à ceux qui galèrent ou friment un peu trop, voyage en première classe et fréquente la buvette de l’Assemblée nationale. On le disait par exemple de François Marcantoni, un ami d’Alain Delon, ou de Dédé la Sardine. On le dirait aujourd’hui de… Allez, cherchez donc, vous finirez par trouver.

Curieux : juge d’instruction.

D

Demi-sel : personnage qui se prend pour un ronflant, mais qui ne perd rien pour attendre. Autrement dit qui ne fait pas partie du Milieu mais qui balancerait père et mère pour en être. On en trouve souvent du côté des auxiliaires de police, mais pas que. Comme qui dirait Blier, dans « Le Cave se rebiffe » (Grangier, 1961, France) : « Monsieur Éric avec ses costards tissés en Écosse à Roubaix, ses boutons de manchettes en simili et ses pompes à l’italienne fabriquées à Grenoble, et ben c’est rien qu’un demi-sel. Et là, je parle juste question présentation ! »

Défourailler : sortir le calibre, l’arme de son étui ou de sa ceinture.

Diamants (trafic de) : les pierres précieuses, et le diamant en premier lieu, sont aux affranchis, ce que le jeu est à la mafia : le Graal. Valeur sûre, refuge, immortelle, petit par la taille, grand par la fortune, le diamant est éternel. Le chic du chic, le diamant du Libéria, bien plus beaux que celui d’Angola, d’Afrique du sud ou d’Australie. Si à Anvers et les réseaux libanais, c’est une véritable industrie, sur et sous la table, tout ce qui relie aux diamants du Liberia n’est qu’une terre brûlée, de larmes, et de sang. Dans les mines, les hommes y étaient traités en esclaves, battus à mort pour l’exemple, et l’échange armes et munitions contre diamants a favorisé les rebelles du RUF (Revolutionary United Front) pendant la guerre civile en Sierra Leone (1991-2002). De l’histoire ancienne, me direz-vous ? Allez faire un tour en Centrafrique et sur les réseaux sociaux : voici venu le temps des cyberdiamantaires…

Dream Team : nom donné à une équipe française par des policiers espagnols, en hommage à l’équipe de Basket US, dans les années 1990. On y retrouve des surnoms qui chantent, Nono, Le Gros, Nino, Babar, Citron ou le Grand Blond, une légende qui leur prête ce qui n’est pas foncièrement à eux, des drôles de drames et de guerres, enfin des coups tordus qui feraient pâlir un scénariste en manque d’imagination. Bref, Comme me l’a dit le Gros, un jour de cavale où il a bien cru que c’était le dernier : « Il faut se méfier de nos nerfs. » Et si Lino le dit aussi, alors !

Doublette : le plus souvent utilisé pour désigner une fausse plaque d’immatriculation. Se dit aussi lorsqu’un truand en cavale ne parvient pas à déterminer qui sont avec assurance ses chasseurs. S’il hésite entre deux hommes, deux équipes, il parlera d’une doublette sans savoir lequel ou laquelle veut l’attraper ou l’éliminer.

Doulos (le) (long métrage, France, 1962) : un film de Jean-Pierre Melville, avec Jean-Paul Belmondo dans le rôle de l’indicateur. Celui qui porte le chapeau. « Dans ce métier, dit le Doulos, on finit toujours clochard ou avec quelques balles dans la peau… » Bébel, il a toujours eu le sens de l’exagération. Pas vrai ?

E

Être quitte : ne pas perdre d’argent sur une affaire ou s’acquitter de ses dettes (financières ou morales).

Enchrister : priver de liberté, emprisonner. Synonyme : Embastiller.

Enfourailler : être armé, être calibré.

F

Fader : partager un butin. En principe tout de suite après un vol, à main armée ou pas. Il arrive que les flics surprennent les voleurs en train de dormir sur leurs parts, oreillers bien garnis. C’est ce qui est arrivé à trois braqueurs de la Dream Team, nom donné à une équipe française, après avoir tapé une tirelire place de Gentilly – Paris, Noël 2000. Retrouvez-les dans Les Héritiers du Milieu, p. 31, le Casse de Gentilly.

Faire la boule de cristal aux policiers : technique des plus efficaces qui consiste à « mettre » une femme dans le lit d’un flic. Rien de tel pour obtenir quelques confessions sur l’oreiller et en rendre compte à qui de droit.

Faire marron : arnaquer un individu, le détrousser sans qu’il s’en rende compte. Exemple : « ç’a ma coûté 5 briques pour tuer le mec qui t’as fait marron, maintenant on est quitte! »

Farine : nom donné à l’héroïne marseillaise, fabriquée du temps de la French Connection, par les trafiquants. Autres noms : Marchandise ; White Horse ; came…

Faisan : tricheur professionnel, escroc maniant avec dextérité la chasse aux poules et le chant du coq. Littéralement, c’est celui qui fait, et défait. Notamment au Poker. « Inutile de me conseiller de me mettre dans les pattes sales d’un impresario. Ce sont tous des faisans et des chevaux de retour. » 1963. Les perles de Vénus, livre écrit par Alexis Large en 1963 (Denoël).

Feuj : Juif, en verlan. Dans le Milieu, le mot est utilisé pour désigner les hommes (et femmes) de confession juive qui, depuis les années 1960, ont certes investi le champ des courses, mais ont surtout réalisé de gigantesques escroqueries en France, mais pas que. La référence à la religion n’est qu’un signe distinctif, un particularisme qui renvoie à une communauté, des clans, donc comme toujours à la confiance et à l’internationalisation des pratiques, notamment financières. Le Milieu feuj, comme me l’a expliqué l’un d’entre-eux, est « celui qui par ses extensions, ramifications et passe-droits est le plus proche des grands commis de l’État français, et surtout de Tsahal et du Mossad. » On remercie qui ?

Filoche : Filature.

Filocher : suivre discrètement, filer quelqu’un. Si un truand peut en cacher un autre, un truand en filoche souvent un autre. Action non réservée aux « bleus » (flics) ou à la « bleusaille ».

Flingue : Pistolet, calibre, ou fusil. Un flingot, en vieux français, désigne un fusil. Par extension, se faire flinguer. Un truand peut aussi flinguer la réputation d’un cave ou d’un affranchi, technique bien plus efficace que d’éliminer physiquement une personne.

Fiocconi Laurent alias Charlot ou El Mago (le mage) : trafiquant d’héroïne français, puis de cocaïne en Colombie. #FrenchConnection #CartelColombia

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Four : l’épicerie du coin où l’on trouve du produit stups, localisée au pied d’une tour, sur une place, dans un hall, sous un porche ou dans une cave. Son organisation horaire est en turn-over et sa hiérarchie pyramidale. Le taulier, à ne pas confondre avec le boss d’un service de police, gère le biz de A à Z et quand il décide de faire du retrait, gavé, il laisse la place à un gérant. Un mec de confiance. Au début, rarement à la fin. Comme l’appétit vient en mangeant, pourquoi gérer un biz et se faire chier tous les jours à régler les problèmes des mules, soldats, livreurs, rabatteurs, serveurs, guetteurs ou des nourrices qui stockent les liasses de billets ou la marchandise ? Dehors le taulier. C’est comme ça que depuis le début des années 2010, des gérants ont pris le devant, quelquefois sans assurer les arrières : la vie d’un taulier, ça peut rapporter gros comme ça peut coûter cher. Un air de fin du monde ?

Fourgue : receleur le jour, souvent indic la nuit. Mais pas toujours indic pour celui que l’on croit. S’il faut se méfier des apparences, alors le fourgue l’emporte haut-la-main. Il peut tout aussi bien envoyer tordu à un flic, tordre la main à un ronflant, financer un élu pour la forme, ou toucher aussi le fond, les pieds dans le ciment. Le fourgue est au voleur, ce que la gagneuse est à la mère-maquerelle : une chaise sans dossier.

G

Gagne-petit de la brosse : petit voleur qui devient rarement grand. Quoique… A bien y réfléchir, les ronflants sortent presque tous du ruisseau, de la rue, après avoir fait leurs gammes sur les étals, puis arracher les tiroirs-caisses. J’en connais un qui est rentré dans le Milieu après avoir tué un trafiquant de drogue. On lui a a arrangé le coup en prison, il est sorti plus vite que prévu et a entraîné ses frères dans la marge. Si l’on pouvait en faire une série, de sa vie et de celle de son équipe, qui croirait le scénario ?

Gagneuse : prostituée. Se dit aussi pour toute personne qui va faire gagner de l’argent à un truand. Une notaire peut être qualifiée de « gagneuse » si c’est la « régulière » (amante et/ou femme d’affaires) d’un truand.

Gâteuse (la) : surnom de Léontine. Je vous vois hausser les sourcils, c’est qui celle-là ? Je vous l’avoue, je ne sais pas si elle a existé, mais elle me permet de vous offrir un extrait, 34 secondes, d’un film culte, question dialogues et casting, sorti en 1968 dans les salles. A cette époque, les cinq Familles de Paris, Corses il va de soi, se le passaient en boucles, avant d’aller retrouver Charles sur les Champs, histoire d’étouffer les ouvriers dans leurs banderoles à deux balles, et les étudiants dans leurs cheveux longs. Et Charles, question Canards, il s’y connaissait. N’est-ce pas le Matou ?

Gebel (le) ou le Belge ou Francis le Belge : surnoms donnés à Francis Vanverberghe. Dans le Milieu, on lui donnait du « Fran », diminutif habituel de Francis ou François ou du Gebel, rarement du Belge. Il a été dit, écrit, que ces divers surnoms lui avaient été attribués car son nom, d’origine belge, était imprononçable. Faux : on donne justement un surnom, un blaze à un truand pour ne pas citer son son nom. Une protection, somme toute relative, mais qui est encore une règle, quoi qu’en disent les experts de pacotille et diseurs de bonne aventure. Dans les deux tomes que j’ai consacré au Belge, en 2002 et 2003 (Stock), j’ai démontré que « Fran » n’a jamais été le « parrain », encore moins « le parrain des parrains », du Milieu français. Un homme de poids, je le répète, ne peut pas rester près de trente ans en prison, mourir, achevé d’une balle dans la nuque, à 54 ans, et dominer la pègre depuis Paris. L’oeil du cyclone, c’est Marseille, point. Et si on le dit aussi « plus bas », en Corse, alors…

Godfather ou Le Parrain, en 3 parties : adapté du roman éponyme de Mario Puzo, sans aucun doute l’un des plus célèbres films de gangsters. « J’ai toujours pensé Le Parrain, précise Coppola, comme l’histoire d’un roi et de ses trois fils. Le plus âgé a reçu la passion et l’agressivité, le deuxième, sa douceur et ses gestes enfantins ; et le troisième, sa ruse et son calme. C’était dans mon intention de faire un film authentique sur des gangsters italiens, sur comment ils vivaient, comment ils se comportaient, la façon dont ils traitaient leurs familles, célébraient leurs rituels. » Le projet a d’abord été proposé à Sergio Leone qui l’a refusé afin d’écrire lui-même son propre film de gangsters. Un bon choix puisqu’il vous a offert l’excellentissime Il était une fois en Amérique. Comme quoi, le soleil se lève pour tout le monde. Même à Cuba, no ?

Grand Blond (le) ou Son Altesse : surnom de Christian Oraison, tué par balle en août 2008. Depuis l’arrivée de Christophe Castaner à la tête du ministère de l’Intérieur, le 16 octobre 2018, voilà feu le Grand Blond à la Une des médias, l’interrogation de Lino Ventura (Tontons flingueurs) aux lèvres : « J’ai pas entendu dire que le Gouvernement t’avait rappelé, qu’est ce qui t’a pris de revenir ? » Au milieu des années 1980, Castaner fréquente Oraison, lequel le surnomme l’Etudiant. Le Grand Blond est au sommet de sa gloire, pas à Marseille, mais dans le O4, dans les Alpes de Haute-Provence. Faut pas tout mélanger, sauf peut-être les cartes de Poker qui font vibrer l’Etudiant. Dans le JDD, il affirme que Son Altesse « était son grand frère, son protecteur. » De qui et de quoi ? Mystère et boules de pétanque. Oraison fait partie de la Bande de Manosque, aussi appelé la Bande des Alpes, mais là non plus faut pas tout mélanger. On lui prête beaucoup (vols à main armée, machines à sous et parties de Poker clandestines, trafics en tout genre), mais il ne lâche rien. Ou si peu. Le gentleman gangster a-t-il participé au braquage d’un fourgon blindé à Malaga, puis à celui de Gentilly en décembre 2000 au côté des Tontons braqueurs de la Dream Team ? Levé en Espagne, emprisonné en France, il sera finalement acquitté. Pour comprendre, essayer tout du moins, il faut remonter à la guerre entre ceux qui sont « avec » Tany Zampa, et ceux qui sont contre. En 1984, Zampa meurt en prison, hypocondriaque et isolé. Ses adversaires ont fait le vide autour de lui. Ils ont dorénavant le pouvoir de se redistribuer l’empire de Zampa et Cie, et ceux qui rêvaient de renverser les amis du Napolitain marseillais en profitent. Le 04 est une mine d’or à ciel ouvert, un pays où les traditions ne meurent pas. Paca nostra. C’est, pour faire court, le scénario qui va permettre, sous tutelle marseillaise, à des jeunes aux dents longues de se faire un surnom. Le Grand Blond tape, et pas que du poing sur la table. Faut faire sa place, surtout dans les réseaux fraternels qui tissent une autre toile invisible dans le sud-est de la France, et bien au-delà. Je ne le dirais jamais assez, ce qui compte, c’est le carnet d’adresses, et surtout les adresses. Ceux des Alpes ont la bougeotte, prennent à tout-va, investissement dans le marché très lucratif des machines à sous clandestines, des bars, brasseries et boites de nuit. Ils sont au milieu des affaires, sales ou saines. L’important, c’est la culbute financière, celle qui permet d’obtenir une puissance militaire et surtout de mener une « action politique » afin de devenir un « homme de poids ».
Ceux de Manosque font les « écureuils » pour ceux qui n’ont pas de cash suffisant pour monter une affaire, ou la développer, ou pour financer des campagnes. Et pas qu’électorales. Les fonds publics, ça se détourne, mon vieux, ça se contourne pas. Ceux de Manosque brassent, jouent, gagnent et perdent gros, voient jusqu’en Asie, en Amérique centrale, en Afrique où, de l’autre côté de la Méditerranée, ceux de la Brise ne perdent pas de temps, ni d’argent. Faut préciser que les Bastiais, suite à leur épopée magistrale en région parisienne, postiches en tête, calibres en main, se sont invités en jouant contre Zampa, ce qui a permis aux « fils de », notamment Mariani, et à ceux de la Casinca de prendre du grade. Le Milieu n’a pas horreur du vide, mais du désordre. Et pour faire régner l’ordre, à bon entendeur, c’est l’artillerie qu’on sort, pas l’ultimatum. D’autant qu’une rumeur court dans le Milieu au sujet d’une équipe qui a tapé à plusieurs reprises des fourgons. Sans la moindre résistance. Dans le jargon, c’est un braquo donné. Par qui ? La rumeur enfle vite, trop vite, et celui qui a donné, tombe à son tour. Le fusible a sauté. Les caves ne doivent pas savoir. Pas question de les affranchir. Personne ne doit savoir que les braquos donnés sont surtout une escroquerie à l’assurance, et que cette mascarade cache une colossale escroquerie aux bulletins de vote. Autrement dit, le cave, donne-moi ton bulletin et crois-moi, je t’élimine cette vermine qui pourrit ta vie, jusqu’à te faire les poches, à voler nos banques, notre récit national. La belle affaire. Mais pas pour tout le monde. Le Grand Blond en savait quelque chose. Un jour d’été 2008, il a tout perdu. Il n’a pas vu son Etudiant gravir les marches (maire, conseiller régional PACA, député), grandir sous l’aile d’un parrain politique régional, se piquer d’une autre fleur que celle du PS, avant de devenir le premier flic de France. Rien que ça. Si cela peut vous rassurer, Castaner n’est ni le premier, ni le dernier à fréquenter des noms qui chantent, des surnoms flingueurs. Lui, il a au moins le mérite de s’être mis à table, avant de s’inviter au banquet des affranchis. Il a tout compris, l’Étudiant, et son Altesse, rejoint depuis dix ans par une armée d’amis et d’ennemis, doit être fier de lui. Comme au Poker, c’est le banquier qui est intouchable.

Gros (le) : membre de la Dream Team, condamné à deux reprises, ancien joueur de rugby catalan et garde du corps. L’un des rares truands ayant accepté de se livrer non pas aux condés, mais à une journaliste. Confessions d’un braqueur en cavale, le film documentaire :

H

Homme de l’art : expression utilisée par policiers et magistrats pour désigner ceux qui participent de loin et surtout de près à une association de malfaiteurs. Compétences les plus recherchées ? Notaire, avocat, expert-comptable, banquier, gestionnaire de patrimoine, courtier/trader, informaticien/hacker, journaliste… Sans oublier évidemment les policiers, magistrats, hommes et femmes politiques qui « fricotent » avec le Milieu. De loin, surtout de près.

Homme de poids : expression utilisée dans le Milieu pour désigner un homme respecté par ses pairs, et quelquefois au-delà, pour ses capacités militaires (il est capable de lever une armée en un claquement de doigt), financières (accumulation et spéculation) et relationnelles. Dans un roman de Puzo, on parlerait d’un parrain (padrino), mot qui n’a jamais été utilisée par les truands tout du moins jusqu’à la fin des années 1990. Autre synonyme : éléphant. « Le Vieux Louis, c’était un éléphant, le vrai maire de Marseille, un intime de Defferre. » Dans le Milieu, on parle aussi d’une femme de poids pour désigner une ancienne prostituée qui prend un bordel en main, une femme de Mentalité dont on sait qu’elle tiendra les places d’une main de maitre et qu’elle ne s’affalera pas devant un condé. Sans oublier celles qui gèrent l’usure, les prêts à 30% et le retour sur investissement avec délicatesse.

J

Juge de paix : individu qui arbitre les conflits et différends entre d’autres membres de la pègre. Le juge de paix est au Milieu ce que le président du tribunal est à la justice : le rempart face à la connerie.

K

Kangourou : voleur à tout-va, chapardeur hors-pair, l’as des as du vol à la roulotte. Se distingue par le fait de porter un manteau aux larges poches intérieures, d’où le surnom de « kangourou ». En privé, il transforme les billets, fruits de la vente de ses vols quotidiens, en lingots d’or. Pour ne pas finir complètement cave, retiens ceci : les Canards ou Narcas, une grosse équipe de Marseillais pour la plupart d’origine napolitaine paradoxalement méconnue, ont démarré leur business d’import-export de came grâce à un kangourou qui leur a servi de banque. On ne sait toujours pas qui a fait les poches à qui, mais attention, un kangourou, c’est aussi un excellent boxeur !

L

LA MORT DU JUGE MICHEL (livre, autopromotion, 2013) : L’assassinat du juge Michel a fait l’objet de deux films de fiction, le dernier en date étant celui de Cédric Jimenez, LA FRENCH. Pour des raisons que les caves ne sont pas obligés de connaître (un jour probablement, lorsque j’écrirais mes mémoires), j’ai appris que LA FRENCH prendrait de sacrées libertés avec le réel, pour ne pas dire… Bref. Comme la réalité dépasse la fiction, je me suis lancé un défi : écrire la véritable histoire de l’assassinat comme un scénario de long-métrage, un film-dossier qui débute par le voyage du juge en Sicile (et non pas aux USA où il n’est jamais allé) et se termine le 21 octobre 1981. 44 séquences, des rebondissements incroyables, des légendes taillées en pièces, des ratonnades, tortures et l’affaire de la Tuerie d’Auriol comme incident déclencheur… Réalisé par le filmaker Philippe Allante, le teaser du livre donne le ton.

Les mains en l’air ! : expression utilisée au XXème siècle par les braqueurs pour éviter de se faire sulfater par des caves en mal de sensations fortes ou des bleus qui auraient été pris d’un violent désir de disparaître. Comme l’a dit Bernard Blier à Annie Girardot avant de lui balancer : « Ce que tu peux être pétardière ! » Ce qui ne lui a pas empêché d’obéir illico presto et de glisser sur les patins. Ordre de Madame, sous le regard bienveillant d’André Pousse !

Loansherking : prêt consenti par un « requin » mafieux, aussi appelé le « six pour cinq », système bancaire qui a crée la pyramide mafieuse et fait la fortune des « parrains », mais pas que. Comment ça marche ? Facile, easy. A Chicago, par exemple, le Boss prête un million de dollars à chacun de ses capitaines à 1% d’intérêt par semaine. Les capitaines font de même aux soldats à 2 ou 2,5%, et les soldats prêtent à n’importe qui à 5%. Une seule règle : le prêt doit être remboursé dans les temps. C’est la loi du 6 pour 5 : pour 5 dollars empruntés, il y a un dollar d’intérêt. Vous pensez que ces généreux banquiers ne prêtent qu’aux flambeurs qui jouent leur vie au Poker ? Erreur. Et qu’en France, la loi du 6 pour 5 n’existe pas ? Double erreur. Allez donc demandez à des artisans et commerçants, qui n’ont plus de ligne de crédit à la banque, comment font-ils pour financer leurs chantiers et autres investissements indispensables pour tenir tête à la concurrence ou survivre tout simplement ? Dans certains cas, c’est la loi du 7 pour 5 qui est appliquée, et gare à celui qui ne respecte pas le contrat. Vous l’avez compris, comme dans la vraie vie, c’est la « circulation du pognon » qui fait trembler le cave, et il n’est pas prêt de se rebiffer… ! Et on ne vous l’avez jamais dit ? Vous voyez, tout arrive. Façon puzzle. Happy birthday to you !

M

Mac : proxénète, souteneur et amant d’une prostituée s’il veut joindre l’utile à l’agréable. Il vit de l’exploitation sexuelle d’autrui, un homme, une femme, un enfant, mais pas que. Dans le milieu du cinéma, on parle d’un mac pour désigner un producteur qui ne lâche pas un franc, vole sans scrupules idée et scénario et s’offre le luxe de violer l’auteur.

Main froide ou le Basque : surnom du truand Adrien Estebeteguy. A l’instar d’Abel Danos, dit le Mammouth ou de Pierre Loutrel, alias Pierre la Valise (plus tard, Pierrot le Fou), le Basque fut libéré de la prison de Fresnes en 1944 par Henri Lafont et un indépendantiste pro-nazi algérien, Mohamed El Madi. Estebeteguy rejoint la Carlingue, l’officine de la Gestapo, et le commandement de de la Brigade Nord-Africaine (BNA) qui commet le dixième massacre le plus important commis sous l’Occupation : 52 habitants exécutés le 14 juin 1944, à Mussidan, Dordogne. Source : Une brigade nord-africaine pour le Reich, livre écrit en 2017 par Patrice Rolli.

Marmite : maîtresse d’un souteneur, celle qui fait bouillir la marmite. La taulière.

Médicaments (trafic de) : accrochez-vous car vous n’allez plus passer devant une pharmacie sans être frappé d’une soudaine migraine. Les faux médocs, c’est le jackpot. Le business est évalué à près de 200 milliards de dollars. Le PIB du Portugal. Vous pensez que c’est loin derrière le business de la drogue ? Erreur. La fausse pharmacie, c’est la deuxième source de revenus criminels dans le monde. Pas loin d’un million de personnes meurent suite à l’ingestion de faux médocs, qui contiennent souvent du poison (antigel, arsenic), aucun principe actif. On dit aussi que les bénéfices seraient vingt fois supérieur à celui du biz de la drogue. Et en France ? Mystère et boules de gomme, circulez, y’a rien à voir. Notez juste que personne n’a imaginé que les affranchis pouvaient utiliser une pharmacie pour blanchir de l’argent, et spéculer évidemment. Dommage. On en apprend tous les jours, pas vrai ?

Mener en belle : tendre un guet-apens mortel, sous le sceau de la confiance.

Mentalité : ensemble de règles non écrites qui régissent le Milieu français, plus largement le crime organisé. Pour les décrire, il faudrait écrire un bouquin. Noir sur blanc. Mais comme on fait croire aux caves que la dite mentalité n’existe pas, que le Milieu n’existe plus, ou que chaque fois qu’un membre important du grand banditisme meurt c’est « le dernier parrain du Milieu qui disparaît », hé bien vous pouvez toujours attendre… Car la première règle est la suivante : un cave doit rester un cave. « On va pas non plus l’inviter à se faire ses propres poches, si ? » Rires du truand rencontré un jour de Mistral. Il venait de m’expliquer comment « monter un chantier » à un Rital de la N’drangheta pour le compte de plusieurs services anti-drogue. Autre règle de la mentalité qui permet d’associer flics et voyous pour alimenter diverses caisses et quelques comptes in-shore… Les affaires se font toujours en famille.

Mère maquerelle : ancienne prostituée ayant en charge de veiller sur le « cheptel » d’un mac ou maquereau. Voir homme/femme de poids.

Mettre à la cave : isoler un individu dans un lieu fermé, à l’abri des yeux et des oreilles. L’objectif est d’obtenir des informations ou une rançon de la part d’amis (truands ou pas) ou de la famille. Instruments de torture acceptés.

Monsieur Alexandre ou Alexandre : un surnom qui donne le tournis aux grand commis de l’État, un homme du ruisseau devenu un as des as de la garantie mondiale, presque une assurance sans risques. C’est ce que l’on lui prête, l’intérêt étant la partie non négligeable de mystification. Il a pris un temps du plombe dans l’aile, il sortirait de la cuisse de Jupiter. Le prix du conseil serait élevé, très élevé, mais Alexandre garantirait le contrat officiel et le contrat officieux, ce que les curieux (magistrats) osent appelé une rétro-commission. Pour mieux le connaître, procurez-vous mon livre Stars & Truands, chapitre 7.

Mo Green special : éliminer un individu d’une seule balle dans l’oeil. Expression évidemment américaine que certains Français ont repris à leur avantage, avé l’accent marseillais. Elle doit son nom à Moe Green, gangster de Las Vegas imaginé par Mario Puzo dans Le Parrain et assassiné par Al Neri, l’âme damné de Michael Corleone, alors qu’il était en train de se faire masser, une serviette sur les fesses. Big Pussy Bonpensiero, le personnage central de la série Soprano, l’a popularisée. Big Pussy isn’t a fish ?

Mule : individu qui transporte clandestinement de la marchandise, du fric. A son insu ou pas. Vous connaissez les mules qui ingèrent des petits sacs étanches pour transporter la cocaïne, voir notamment le film Maria, pleine de grâce, moins les mules du Net. Dommage, car il se pourrait qu’elles transportent un peu de votre oseille tapée sur votre compte bancaire ou ailleurs. En novembre 2017, par exemple, les limiers du Net ont identifié plus de 500 mules ayant transporté 25 millions d’euros de fonds blanchis, dont 95 % issus de la cybercrimininalité – attaques de logiciels, escroquerie sur des sites de ventes. Il y a une dizaine d’années, un ronflant m’avait mis la puce à l’oreille : la cybercriminalité est non seulement d’une rentabililité à toute épreuve, mais elle est indolore. Pas de son, pas d’image, pas de panique. A l’époque, il n’était pas encore question d’intelligence artificielle. Aujourd’hui, au moment où des hackers ont réussi l’impossible, là, je vous laisse chercher un peu, vous n’aurez plus qu’à faire votre compte… Un indice ? Allez voir à la lettre S comme Spoofing. Et retenez ceci : un jour ou l’autre, l’État sera contraint de créer un parquet national numérique, sinon vous pourrez dire adieu à vos petites économies.

N

Neuf-trois : 93, département de Seine-Saint-Denis. La plaque tournante du biz en France, en Europe ? Dans le Milieu, ça se suppose quand ça ne se sulfate pas. Remarquez qu’on entend beaucoup parler de règlements de compte à Marseille, pas beaucoup dans le Neuf-trois. Un chiffre ? Le trafic de drogue, ce serait un milliard d’euros de chiffres d’affaires, environ 100.000 salariés. La plus grosse entreprise du département, peut-être même de la région parisienne. Un biz 24 sur 7, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Qui a dit qu’il fallait travailler moins pour gagner plus ? Pour les affranchis, c’est la belle affaire depuis au moins trente ans. Pour les caves, ceux qui achètent, consomment, c’est un élan de solidarité envers une poignée de gros chefs d’entreprises trafiquantes qui n’en demandent pas tant. Quoi que… Il se dit que les enveloppes, les pots-de-vin, n’ont jamais été aussi lourdes à porter ! Et s’il y en a un qui ne chôme pas, là sous vos yeux, tranquille et bien au chaud, c’est bien le saraf.

Nique ta mère ! : expression populaire pour insulter « léger » un individu. A ne pas prendre à la lettre sous peine de solde de tout compte. Je ne vous conseille pas de l’envoyer à la tronche d’un ronflant, la réponse pourrait être lourde de conséquences. Pourquoi avoir choisi cette expression ? C’est simple. J’ai ouvert un magazine, Le Point pour ne pas le citer, et j’ai lu l’entretien qu’a donné le dénommé L’Ogre du Nord ou Acquittator, je veux nommer à tout seigneur tout honneur Maitre Eric Dupond-Moretti. S’il y en a un qui connaît les truands, le Milieu et ses jeux annexes, sa langue et ses pièges convexes, c’est bien lui ! Allez, je partage, vous l’avez bien mérité… « Le jaillissement de la pensée ne coule que par le langage, affirme-t-il. Or je constate un appauvrissement de notre langue. Le prof dit un jeune des cités : »Mais monsieur vous noyez le poisson », et l’autre lui répond : »Je ne suis pas pêcheur. » Le linguiste Alain Bentolila explique que le langage pacifie. Si je vous marche sur les pieds et que je vous dis, « Pardonne-moi, monsieur », vous qui avez envie de me coller une gifle, ça vous remet dans une réalité plus altruiste que votre petite douleur. Mais si je vous dis « Nique ta mère », ça n’apaise pas la tension. Voilà pourquoi il faut de la culture et pourquoi un vieux con comme Victor Hugo a exprimé l’idée que la construction d’une école était la suppression d’une prison. » Et si vous ne savez pas qui est Acquittator…

O

Organized crime (crime organisé) : l’expression apparaît pour la première fois dans la Chicago Crime Comission de 1919. Elle désigne des criminels professionnels, estimés à 10.000 dans la seule ville de Chicago (Les Familles, Outfit mafia). Le milieu de la pègre y est décrit comme une communauté à part entière, mais surtout comme un miroir de la société nord-américaine.

P

Parachuté : voyou atypique. On pourrait lie dire d’un condé, d’un homme d’affaires, d’un sportif qui devient truand à la petite ou à la grande semaine, tout dépend du besoin et du train de vie.

Peaky Blinders : nom d’un gang irlandais et d’une série tv époustouflante. L’une des rares séries où l’on évoque ce que j’ai appelé la « coterie trafiquante », à savoir un subtil groupe d’individus associés dans des affaires légales ou pas, ayant tous un pouvoir (financier, militaire, politique, social, culturel) et qui possèdent en commun un seul et même objectif : récolter et surtout traiter le renseignement. N’oubliez jamais que l’essor du Milieu s’est réalisé après la Seconde guerre mondiale en utilisant les méthodes clandestines de la Résistance. Il y a aussi le folklore, ce que certains pourraient appeler le storytelling. Les ronflants, les vrais, les silencieux, les affranchis, ils adorent le storytelling de la tv française.

Perdre son moulin : perdre sa femme. Se dit plus précisément pour une prostituée (tapin).

PEPE LE MOKO (long métrage, France, 1937) : réalisé par Julien Duvivier, avec Jean Gabin. Un mélodrame tragique doublé d’un film de gangsters, une forme de romantisme désespérée où le cave est initié à la dimension de l’échec du truand, un Pépé joué par Jean Gabin, maitre et prisonnier de la tentaculaire Casbah d’Alger.

Périphrase : figure de style de substitution qui consiste à remplacer un mot par sa définition ou par une expression plus longue, mais équivalente. Exemple : le billet vert, pour dollar. Les truands en raffolent ! Là je dois vous offrir ceci :

Proc’ : diminutif de procureur. Ces derniers temps, un proc’ a fait un peu trembler les coteries trafiquantes de France, de Navarre et surtout du sud-est. Après de bons et loyaux services, Eric de Mongolfier s’en est allé, loin des palais niçois craquelés par les coups de vice, et a pris sa plume. Dans un livre, au titre Audiardien « On ne peut éternellement se contenter de regarder les cadavres sous les ponts » (Cherche Midi), il pose une question, de base comme dirait le jeune cave : « Le pouvoir rend-il fou ? » Je vous offre une citation, à garder en mémoire lorsque vous franchirez un pont : « La citoyenneté ne peut s’accommoder du rêve ; elle n’autorise qu’à vivre debout. »

R

Ramsomware ou rançongiciel : bloquer les données puis demander ensuite à leur propriétaire d’envoyer de l’argent en échange de la clé permettant de le débloquer.

RAZZIA SUR LA CHNOUF (film, France, 1957) : réalisé par Henri Decoin, avec Lino Ventura et Jean Gabin dans la peau du trafiquant et infiltré Henri le Nantais. C’est la première fois que le Milieu de la drogue est aussi bien documentée. On y voit une fumerie d’opium, un laboratoire clandestin de raffinage, une cachette dans le train pour planquer la marchandise, le port du Havre décrit comme une courroie de transmission, la vente de la came jusqu’au prix de la dose…

Repenti : individu qui se repend de ses délits et crimes. En échange d’informations, données à la police et à la justice, il peut espérer une remise de peine au tribunal, au mieux, comme dans le cadre de protection de témoins, d’une nouvelle identité, d’une nouvelle vie. Pour l’anecdote, lorsque le Cavalière, alias de Silvio Berlusconi, a lu la déposition du repenti de Cosa Nostra Spatuzza, il a eu ce commentaire lapidaire : « Rien que des conneries. » Si Le Cavaliere le dit, c’est que ça doit être vrai…

Reprendre ses billes : sortir d’une affaire, casser l’association, reprendre sa liberté d’entreprendre. En tout bien tout honneur.

Ronflant : truand reconnu par ses pairs, pour son vice et sa ruse. « Le Belge, c’était un ronflant, même s’il n’a pas eu d’autres choix, après toutes ces années de prison, que d’en porter le costume. » Avec ironie, l’adjectif peut aussi qualifier un truand qui se prend pour un homme de poids, un peu trop vite, et qui se rapproche tout aussi vite du précipice.

S

Saraf : nom utilisé pour désigner un changeur, comme du temps de l’Empire ottoman, au mieux un banquier de l’ombre. Le saraf, vous l’avez compris, il s’occupe du liquide, un penchant pour les sacs Tatie transportés au choix par des Chinois (que l’on retrouve quelquefois une balle dans le buffet, comme c’est bizarre), des Pakos (Pakistanais) auxquels on donnerait le droit d’asile fiscal sans ciller ou par de simples collecteurs aux mines aussi patibulaires que celles des acteurs fétiches de Marchal, pas le shériff, le réalisateur. Cash Investigation.

Saucissonner : manger. Surtout utilisé pour décrire un individu qui a été enlevé, mis à la cave et s’il le faut torturer pour livrer des informations. L’attacher avant de le livrer à la famille, contre rançon.

SAVIANO Roberto : qui ne connaît pas celui qui a fait fortune en publiant plusieurs ouvrages sur la mafia, puis inscrit sur la liste des hommes à abattre ? Ce que vous ne savez pas, c’est qu’il a enquêté sur le Milieu français. Accrochez-vous, car il n’y va pas de main morte : «  »Le phénomène mafieux en France est perçu simplement comme quelque chose d’extérieur, qui n’envahit pas trop le pays et en sort très vite. Mais en fait ce n’est pas du tout le cas […] : on parle ici d’argent qui rentre dans les banques et dans les entreprises. » Pour une fois que ce n’est pas moi qui le dit…

Scam : arnaque réalisée à partir de spam (courrier non sollicité) et fait appel à la crédulité voire la cupidité des caves. Il peut s’agir de faire croire à un faux héritage, à un gain à une loterie ou encore à de faux sentiments amoureux, voire un faux deuil. Ce type d’arnaques existe depuis longtemps et les scammers ne font que s’adapter aux moyens modernes de communication ainsi qu’au contexte politique et historique. C’est nouveau ? Non. On les trouve sous le nom de « prisonnière espagnole » au XVIe siècle ou encore de « lettres de Jérusalem » au XVIIIe et XIXe siècle. Source : Les pirates du cyberespace.

SCARFACE (film, USA, 1932) : l’un des premiers films référence dit de « gangsters », réalisé par Howard Hawks, « le film que les gangsters ont mis Hollywood au défi de faire ». Non sans difficultés. La bande-annonce donne le ton par son réalisme auquel le son (crépitement des mitraillettes, crissement des pneus) donne une dimension inédite et une esthétique particulière, nouvelle image de marque pour la Warner.

Spoofing : manipuler les cours de la Bourse à l’aide du trading haute fréquence en multipliant des ordres d’achat pour ensuite les annuler à la dernière minute et ainsi créer une fausse image du marché. Vous pensez que c’est de la science fiction ? Vous avez raison : une entreprise de la taille de Vinci, numéro un mondial du BTP, ne peut pas perdre en dix minutes quelque 6 milliards d’euros de capitalisation boursière… Et retrouver son cours normal à la fin de la journée. Ah si ce jour-là vous aviez spéculé à la baisse, puis à la hausse !

Spyware ou logiciel espion : collecter et transmettre des informations à des tiers à propos de l’environnement sur lequel le logiciel espion est installé à l’insu du propriétaire et de l’utilisateur.

T

Table ronde : table autour de laquelle se retrouvent des associés, une sorte de conseil d’administration. Cette réunion n’est pas l’apanage de truands portant chaussures bicolores et costumes trois pièces. Oubliez les images d’Epinal, et imaginez plutôt une table autour de laquelle vous pourriez y apercevoir les représentants de ce que j’ai défini comme une coterie trafiquante (La French Connection, Non-Lieu Editions, p. 177), soit un ensemble d’individus du « grand Milieu » et de la sphère politico-administrative réunis autour d’intérêts économiques et politiques, et poursuivant des activités criminelles, criminalisées et légales à des fins de consolidation d’un pouvoir mafieux.

Taper : prendre, au mieux en usant de la ruse ou de la force, de l’argent aux caves. On tape un mec plein aux as, un fourgon blindé, une banque, une bij’ (bijouterie). Depuis que la TVA existe, les « tapeurs de tev' » se régalent. A ce sujet, je vous invite à lire le chapitre 4 – Un business très durable, in Les Héritiers du Milieu) consacré à ceux qui vous ont tapé pas loin de deux milliards d’euros en 9 mois (2008, 2009) et qui, je vous rassure, quoi qu’en disent les bavards (journalistes rp, experts en quincaillerie), se portent à merveille. Dans ce milieu, on tape depuis le début des années 1960, faites votre compte, cela vous permettra de réfléchir à la façon dont quelques fictions cinématographiques s’autorisent à vous taper ce qu’il vous reste de cerveau disponible. Audiard le dit mieux que moi : « Je peux tout demander à mon cerveau, sauf de s’arrêter de penser. »

Tapin : prostitué(e).

Tapiner : faire le trottoir, « monter et descendre » (les marches d’un hôtel, un ascenseur). Se dit aussi au sujet d’un cave qui travaille sans relâche pour un salaire de misère. « Il fait le tapin pour son patron, s’il savait… ! » Autrement dit, si le cave savait exactement comment et pourquoi il se fait exploiter, il ferait comme tout truand qui se respecte, il volerait à son tour son patron, puis de ses propres ailes. Mais n’est pas affranchi qui veut.

Taulier : gérant, au mieux propriétaire d’un établissement à caractère sexuel, mais pas que. Se dit aussi d’un truand qui tient une rue, un quartier, une ville, un cercle de jeu… Chez les condés, le taulier, c’est le commissaire souvent divisionnaire, pour mieux régner, qui gère urbi et orbi la taule, et distribue surtout les coups de pied au cul et les primes.

Tenir l’as de carreau : avoir la poisse. Carte de la mauvaise chance en référence à l’as de carreau que tenait dans sa main Jo the Boss, Giuseppe Masseria, lorsque quatre tueurs de Lucky Luciano l’ont tué par balle dans un restaurant, en avril 1931.

Tonton : indicateur de police, indic, balance, poucave. le Tonton est au flic ce que le mythe est à Dante : le paradis ou l’enfer. L’indic, c’est la source humaine, celle où vont s’abreuver les lions de la jungle lorsque la sècheresse leur fait prendre la langue. Dans le jargon des bleus, on appelle ça « la police à Papa. » Pour le côté Tonton, on se rappelle le « Pourquoi tu tousses? » de Fernand Raynaud, célèbre gag de la France à Papa, on pourrait aussi demander à quelques grands flics à qui ils doivent leur carrière. Ou leur (légère) descente aux enfers. J’ai eu l’occasion d’en croiser un, de Tonton, sur les bords de la Méditerranée. Ce jour-là, il m’a montré comment « on monte un chantier » : en moins de temps qu’il ne faut pour tousser, il a mis en relation un vendeur (un narco bolivien) et un acheteur (un cousin de la Camorra). Le résultat ne s’est pas attendre, avec l’aimable autorisation de la Guardia Di Finanza, de la DEA et de… Non, si j’ajoute l’acronyme, cela pourrait faire tousser…

Toucher une belle (affaire) : gagner sa part dans une affaire qui a bien tourné.

Tricard : se dit d’un individu qui ne peut plus franchir une frontière (commerce, rue, quartier, ville, pays). « Gu ? Depuis qu’il s’est barré avec l’ardoise, il est tricard chez Roger. »

Turbin : chantier, opération visant à escroquer une personne, à lui planter un couteau dans le dos, à la donner aux condés, à la plumer…

U

Underwood Frank : personnage principal de la série américaine House of Cards qui incarne, c’est mon avis, le pouvoir mafieux par excellence. Coups tordus, je te tiens par la barbichette, une armée et du renseignement à disposition, un ou plusieurs coups d’avance sur les adversaires, et les alliés, sans compter le subtil glissement vers l’autocratie, que l’on retrouve au sein des Familles, un national populisme qui perd rien pour attendre, une puissance de la peur et des méthodes musclées de rétorsion et d’aliénation qui font froid dans le dos… Bref, comme le résume lui-même Underwood : « Friends make the worst enemies. » Les amis font les pires ennemis !

Underworld ou Nuits de Chicago (long-métrage muet, USA, 1927) : réalisé par Josef von Steinberg, c’est le premier film de gangster américain de l’histoire du cinéma.

V

Voyoucratie (long-métrage, France, 2018) : réalisé par FGKO (Fabrice Garçon et Kevin Ossona). Pour la petite histoire, j’ai eu l’occasion de lire le scénario, de proposer quelques modifications, d’où mon nom au générique en tant que consultant. Pitch ou argument du film ? Tout juste sorti de prison, Sam tente de se réinsérer mais il est vite rattrapé par le milieu et sombre peu à peu dans un engrenage criminel. A travers les yeux de son fils, il perçoit une lueur d’espoir.

W

What can business learn from organized crime ?

White Horse : nom donné par les policiers américains à l’héroïne marseillaise. Le « Cheval blanc » était un cheval en plastique que le chimiste Malvezzi mettait dans les paquets de 500 grammes expédiés aux « Etats » (USA). Sa signature, celle d’héroïne d’une qualité jugée « exceptionnelle ». Contrairement à ce qu’on le « trimbale comme conneries », ce sont les chimistes de la French qui ont signé leurs « marchandises » bien avant les producteurs de shit ou de cocaïne.

Wop : mot désignant un voyou italien, notamment dans le quartier new-yorkais de Lower East Side. Je vous conseille de lire Le Gang des Rêves, le chef d’oeuvre de Luca Di Fulvio, dans lequel le cave peut apprendre que : « L’important, c’est d’arriver, pas comment tu y arrives. »

Y

Yaper : voler dans l’argot des commissionnaires tels quelques Savoyards qui n’ont pas fait que dans la dentelle à l’hôtel des ventes Drouot (Paris) avant de se faire attraper le doigt dans la confiture. Le scandale a éclaté en 2009. Tout le monde savait, personne ne disait rien. Devinez pourquoi ?

Youv : verlan de voyou

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